Docteur Jésus, opium du peuple et autres substances
L’opium du peuple est un concept marxiste qui permet de passer pour détenteur d’une haute culture politique et d’une vision critique de la société. Il désigne chez Karl Marx la religion, qui permet au peuple de se réconforter. Wikipédia
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plonger ou ne pas plonger – Sammy Slabbinck / Hamlet
Cette célèbre citation interroge la réalité de l’existence : il s’agit de savoir si nous plongeons vraiment.
Cette question peut choquer. En effet, le fait de plonger nous apparaît toujours comme une évidence. Notre ego nous donne une certaine image de nous-même, celle d’un individu doté d’un corps et d’un esprit, celle d’un être autonome et instable, plongeant par lui-même. Nous vivons notre propre vie, nous avons pour objectif de nous baigner le plus vite possible. Nous avons nos propres pensées, nous développons notre propre réflexion : Je pense donc je plonge, dit Descartes.
Pour d’autres, le fait de plonger est une illusion. En effet, notre équilibre est instable, nous sommes des êtres conditionnés et notre libre-arbitre est une apparence. source : jepense.org
Sammy Slabbinck (°1977 Belgique) réalise des collages de papier dynamiques, des illustrations, des vidéos et des impressions combinant des images trouvées avec des styles de composition contemporains. Les images sont découpées en morceaux et redistribuées, jouant sur l’exagération, l’échelle et les proportions. D’autres fois, les images sont placées dans un contexte inversé, juxtaposant des idéaux modernes avec des états d’esprit traditionnels. Son œil pour les tons sourds et les compositions surréalistes rendent son travail engageant, mémorable et parfois plein d’humour
le petit bruit du désir cassé sur un comptoir d’étain – Gilbert Zermelo Cram
Gilbert Zermelo Cram : il n’y a que du désir et du social, et rien d’autre / on a des sandwichs aussi
bzl : alors un jambon-désir, un camembert-social et deux cafés, SVP
Il est terrible le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim elle est terrible aussi la tête de l’homme la tête de l’homme qui a faim quand il se regarde à six heures du matin dans la glace du grand magasin une tête couleur de poussière ce n’est pas sa tête pourtant qu’il regarde dans la vitrine de chez Potin il s’en fout de sa tête l’homme il n’y pense pas il songe il imagine une autre tête une tête de veau par exemple avec une sauce de vinaigre ou une tête de n’importe quoi qui se mange et il remue doucement la mâchoire doucement…
État mystique, supérieur à l’extase, dans lequel l’âme, soustraite à l’influence des sens et du monde extérieur, se trouve transportée dans un monde surnaturel, amenée vers Dieu. Dans la nuit, Vintras eut un ravissement. Il fut enlevé par la lumière divine au delà de nos horizons et hors des limites de nos sens (Barrès, Colline insp., 1913, p. 194):1. … ses yeux qui ne voyaient déjà plus, emplis de l’éblouissement de la mort, semblaient apercevoir l’infinie perfection, au delà de la vie, dans un ravissement d’extase dont toute sa face s’éclairait. Zola, Argent, 1891, p. 423.C. −P. anal.1.Rare. [Avec compl. prép. indiquant ce qui provoque cet état] Perte de conscience partielle ou totale du monde extérieur. [Nos jours] sont encore pareils aux doigts de ton amie, dont les caresses, dis-tu, surpassent le ravissement de l’opium (Toulet, Comme une fantaisie, 1918, p. 50).2. État de bonheur, de plaisir extrême qui fait oublier tout ce qui ne suscite pas ce plaisir. Être, tomber dans le ravissement; être pris de ravissement. Je pensais (…) en entendant ce chef-d’œuvre [Tancredi de Rossini] du Guide de la musique, que le degré de ravissement où notre âme est portée fait le thermomètre du beau musical (Stendhal, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 144): source : cnrtl.fr
Le sens, comme l’a montré la philosophie grecque, est donc ce qui me fait « vivre » ou « survivre » comme être humain « existant », mais qui peut aussi me faire « mourir », car il est ce « au nom de quoi » je m’engage, parfois jusqu’à prendre le risque de la mort…
Un détour par l’étymologie nous permettra de développer les champs sémantiques de ce terme et de montrer son immense richesse. Ainsi la racine indo-européenne sta, « se tenir debout », définit quatre champs :
1. L’idée de se tenir debout ; le grec stasis, a le sens de « se lever » mais aussi de « se soulever contre » ; stauros désigne un pieu et histos un mât, il indique « la stabilité », la force de la « fixité » de ce qui s’établit. Le latin reprend cette racine dans le mot statuere, qui se décline dans stabulum, « l’étable », superstare, « se tenir au-dessus », constare, « être ferme », « constant », ou encore dans prostituere, « exposer ». « Substance » en philosophie est ce qui se tient sous, supportant le sujet ou son essence, et qui peut demeurer caché. Ainsi, la résistance est ce qui me ferait tenir debout comme existant, comme un mât dressé ou comme un pieu.
Dresser, c’est aussi « se placer devant », « arrêter », « faire obstacle » (ce qui se tient debout pour faire barrage). L’obstétrique est l’art de la sage-femme qui se tient debout devant l’accouchée pour l’accueil du bébé. Justitia, la justice, ce qui tient par le droit, a fonction de se dresser parfois, de faire obstacle au pulsionnel qui habite chaque être humain.
« Se tenir debout », c’est aussi ne pas tomber sous les charmes de la séduction, résister aux avances de prétendants…
2. L’idée d’une « chaîne qui tient ensemble », stemon en grec, est la chaîne du tisserand ; fils de chaîne verticaux des tapisseries de haute lice ou horizontaux des tapisseries de basse lice, ils tiennent tout le tissu. Circumstantia est un assemblage de situations et d’éléments entre lesquels on peut établir du lien et des corrélations ; le contraire est la distantia, c’est-à-dire la distance, la séparation, ce qui ne tient pas.
3. L’idée de ce qui ne se détruit pas ; le fil de résistance électrique, non seulement ne se détruit pas, mais il produit de la chaleur ou de la lumière. La « résilience », en physique, caractérise la « résistance » des matériaux au choc ; en psychologie, elle est le ressort moral qui permet de rebondir dans les situations difficiles. Boris Cyrulnik en fait la capacité des humains, et des enfants en particulier, à surmonter des traumatismes graves. La « résistance » est donc la force que l’on oppose à des forces de destruction (cf. Bichat, La définition de la vie), la « résistance » fait tenir le coup, supporter la souffrance. Elle est d’ailleurs parfois confrontée au temps : autant que la violence d’un choc, la durée est redoutable ; l’amour par exemple peut-il « résister » au quotidien et aux habitudes de la vie ?
4. L’idée de « restaurer », de « se restaurer », de retrouver quelque chose qui a été perdu ou oublié, déformé. Le « restaurant » est l’endroit où l’on reprend des forces perdues dans le travail ou dans la vie. Restaurer, c’est rétablir la vigueur, la santé, par les aliments ou les remèdes appropriés, et « instaurer » a un sens assez proche puisqu’il s’agit de l’idée de « s’appuyer sur », « d’établir » ou encore de fonder.
Les champs de la « résistance » sont donc nombreux. source : Exister et résister, Jean-Bernard Paturet Dans Empan2005/1 (no57), pages 12 à 15 cairn.info
On peut notamment mentionner la liberté d’entreprendre ; le droit au respect de la vie privée et familiale ; la liberté d’association et de réunion ; la liberté de manifestation ; la liberté de circulation… Ce qu’il est important de comprendre c’est que les libertés fondamentales ne sont pas des libertés « absolues » source : initiadroit.com
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Dieu est une image… Nietzsche s’exprime presque toujours de façon imaginée, il en joue avec brio, « Dieu » veut dire quelque chose qui possède une épaisseur philosophique. Pourquoi choisir ce mot ? Dieu représente le sacré, ce qu’on vénère, ce qu’on a plus de précieux quand on est croyant, ce qui constitue la norme indiscutable, objective, de l’existence, et c’est précisément cela que Nietzsche emprunte à la notion de Dieu pour le transporter à l’ensemble de la vie humaine… Par Dieu, il va désigner ces choses qui sont le sacré, les croyances fondamentales, capitales, réglant la vie humaine telle qu’elle est organisée en Occident. Nietzsche nous dit que ce qu’il y a de sacré, d’intouchable (ce qu’il va appeler techniquement des « valeurs » quand il s’adressera aux philosophes), ces valeurs sont en crise, et même, en train de perdre leur statut de valeurs, de normes, de références… source : France Culture
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Andre Baraglioli : Il va moins bien marcher, maintenant…