le chien du psychanalyste – Freud et la sœur de Lin-Yun le Chow Chow Jofi (Beauté,en Hébreu), 1937
Freud acquiert son propre chien en 1928,
un Chow-Chow nommé Lin-Yung offert en cadeau par Dorothy Burlingham, une amie d’Anna. Malheureusement, seulement quinze mois après son apparition dans la vie de Freud, la « petite lionne » disparait dans la gare de Salzburg, enroute vers Vienne. Elle est découverte deux jours après sa disparition, renversée par un train.
Sept mois plus tard Freud prend chez lui la sœur de Lin-Yun, Jofi
(Beauté,en Hébreu), qui sera pour lui un compagnon inestimable et une des plus douces consolations de la dernière décennie de sa vie, une période marqué par beaucoup de souffrances : la maladie, l’autodafé de ses œuvres par les nazis, la guerre, et l’exil de son pays natal. Atteint d’un cancer de la mâchoire, pendant les seize dernières années de sa vie il a dû subir trente-trois interventions chirurgicales. Peu après l’arrivée de Jofi, Freud voyage à Berlin pour l’insertion d’une prothèse de la mâchoire supérieure, « le monstre », qui sépare la bouche de la cavité nasale. Cet appareil, maintes fois transformé, modifie son élocution, lui rend difficile de manger et de fumer et lui cause de continuelles souffrances. De Berlin, il s’enquiert auprès de sa femme Martha – qui, peu amoureuse des chiens, met Jofi dans une pension pour animaux – de la condition de sa bien-aimée Jofi : Est-ce que quelqu’un rend visite à Jofi ? Elle me manque beaucoup.
Une fois réunis, chien et maître deviendront inséparables.
Ayant énormément de difficulté à avaler, Freud offrait à Jofi les restes de ses repas, ce qui peut expliquer la silhouette grassouillette de la Chow si charmante. Avec la progression de son cancer, la psychanalyse devient une activité de plus en plus épuisante et ardue pour Freud. Il apporte Jofi à toutes ses séances. La présence de la chienne s’avère aussi thérapeutique pour les patientes que pour lui. Freud découvre, en observant ses gestes et son comportement dans la présence de certaines de ses patientes, que Jofi est dotée d’une vraie capacité de jugement du caractère des hommes, un véritable baromètre émotionnel. La présence de Jofi facilite même le procédé de l’association libre. Pendant les séances de psychanalyse, l’analysant s’allonge sur un divan à la tête duquel prend place l’analyste, hors de vue, une disposition qui est censé favoriser le flux libre de l’inconscient.
Contrairement à l’analyste, Jofi est en pleine vue des patientes.
Elle s’étend au pied du divan, sereine et tranquille. Comme elle ne réagit aucunement à ce qu’exprime l’analysant, Freud a conclu que sa présence lui donne un sens d’acceptation et de sécurité, ce qui permet l’expression spontanée de tout ce qui passe par la tête. Jofi possédait aussi une excellente notion du temps, comme le raconte Martin, le fils de Freud : Quand Jofi se levait et bâillait, il savait que l’heure était écoulée. Elle n’était jamais en retard pour annoncer la fin d’une séance, bien que papa admette qu’il lui arrivait de faire une erreur d’une minute, au détriment du patient. source : leschiensetleurshumains.wordpress.com
Anna Freud : « Je n’ai pas donné de cadeau à papa pour son anniversaire parce qu’il n’y a aucun cadeau approprié pour l’occasion. J’ai simplement apporté une photo de Wolf que j’ai prise à la blague, parce que j’affirmerai toujours qu’il a transféré la totalité de son intérêt pour moi sur Wolf. Ça lui a beaucoup plu.«
Ram Oly : Chow chow must go on