la vie est belle
la vie est belle : Buster Keaton, le pionnier de l’extrême (1895-1966)
Dès l’âge de trois ans Buster Keaton est sur la scène du Music-Hall avec ses parents. Les trois Keaton vont bientôt se produire dans un spectacle très violent ou le père assigne à l’enfant le rôle d’un objet, d’un projectile lancé à toute volée dans les décors ou sur les spectateurs. Buster » la serpillière » prend des coups insensés, est assommé un jour contre un mur de briques mais finit toujours par s’en sortir plus ou moins indemne. En 1917, déjà célèbre pour ses performances d’acrobate, il quitte ses parents et le Music-Hall, rencontre Roscoe Arbuckle, « Fatty », acteur très populaire à l’époque, avec lequel il fait ses premières armes au cinéma.
« L’homme qui ne rit jamais »
Dès 1920, Keaton crée ses premiers films. C’est l’âge d’or du cinéma, le grand cinéma muet, Chaplin est une star. Keaton, « l’homme qui ne rit jamais », aura une carrière de cinéaste fulgurante et brève – moins de dix ans – avant d’être détruit par l’industrie cinématographique, privé de sa liberté créatrice par la Metro-Goldwyn-Mayer avec laquelle il signe un contrat fatidique en 1928. Keaton n’a plus les moyens de son génie. Keaton ne sera plus Keaton.
Buster Keaton, c’est un physique et un imaginaire, un cascadeur et un poète. C’est un corps d’une plasticité et d’une élégance inouïe, une prise de risques jusqu’auboutiste dans des cascades extrêmes. Keaton est acteur, auteur, metteur en scène, d’une inventivité cinématographique d’avant-garde saluée par les Dadaïstes. Entre réalisme et fiction, visage impassible mais regard vif, Keaton le bouc émissaire, toujours aux aguets, affronte l’hostilité d’un univers cataclysmique pour briser sa solitude et trouver une place – aussi modeste soit-elle – dans un monde qui le rejette. De chutes en poursuites spectaculaires le petit homme va aux limites des capacités humaines et frôle le fantastique. source : France Culture